L’idée me trottait dans la tête depuis des mois, et c’est maintenant chose faite : du 6 au 21 août, je suis partie pour mon premier trip en solo à vélo. Le projet, c’était d’emprunter la Vélodyssée de Nantes à Biarritz pour profiter de l’océan tout au long de mes vacances. Mais ça, c’était seulement le projet…
Avant toute chose, laisse-moi te présenter Adélie, mon fidèle destrier pendant ce voyage. Pourquoi Adélie ? Pour ce que ce prénom signifie. Adélie, c’est quelqu’un d’audacieux, passionné, à la recherche de challenge et d’inspiration. Un peu fantasque et très aimante, Adélie adore se lancer des défis. Tout ce dont j’avais besoin pour mener à bien ce projet qui me dépassait un peu, je dois bien l’avouer.
Adélie et moi avons donc pris la route le 7 août, le jour précédent ayant servi à faire huit heures de train pour me rendre à Nantes. Le projet, c’était de prendre la Vélodyssée et d’arriver à Biarritz le 18 au soir. D’après ce que j’avais calculé, ça me faisait 861,99 kilomètres à parcourir, dix étapes et trois jours de pause répartis le long du parcours.
Ca faisait un sacré paquet de kilomètres pour quelqu’un qui ne faisait pas énormément de vélo avant, mais ça restait faisable quand même.
Le premier jour, j’étais aux anges : c’était enfin le moment de vivre le voyage que je planifiais depuis sept mois ! Même si j’étais un peu stressée, je ne me suis pas dégonflée et j’ai sauté à pieds joints dans l’inconnu. Toutes les conditions étaient réunies pour faire de cette journée une réussite : le vent dans le dos, pas de pépin technique, un vélo confortable, un déjeuner sur une plage quasi déserte et une petite baignade en fin de journée.
Globalement, ça a été comme ça pendant quatre jours. J’étais très heureuse de voir l’océan de mes propres yeux, depuis le temps que j’en rêvais. Très heureuse aussi de passer mes journées à ne penser à rien, juste à devoir pédaler.
J’ai un peu souffert de la chaleur, mais rien d’alarmant : je préférais ça au mauvais temps. Un petit plouf et c’était réglé !
Au bout de quatre jours de route, je suis arrivée à La Rochelle où j’ai fait une première pause bien méritée chez Delphine et Christophe, mes hôtes WarmShowers.
Delphine et Christophe, c’est ma plus belle rencontre des vacances ! Ils m’ont nourrie, logée et blanchie pendant deux jours sans rien attendre en retour. On a beaucoup échangé sur le vélo, le voyage et la vie en général. Je suis repartie de chez eux le cœur rempli d’amour et de bienveillance, mais aussi avec quelques larmes au fond des yeux tellement j’étais triste de les quitter.
Pendant ma pause à La Rochelle, j’ai pris la (lourde) décision de changer mon itinéraire en cours de route. A cause des incendies, la situation sur la Vélodyssée au Sud de Royan était très instable, trop instable pour que je m’y aventure.
Un peu en catastrophe, j’ai dû trouver un autre chemin qui me permettrait de rouler sans encombre. Parce que le but de mes vacances, c’était de faire du vélo, pas de prendre le train pour éviter les zones impraticables ! Par chance, je suis tombée sur l’itinéraire du canal des 2 mers à vélo qui partait justement de Royan et qui me rapprochait de Montpellier, par où je devais passer pour rentrer le dimanche 21.
C’était acté : j’allais prendre le canal jusqu’à Carcassonne. Cela me rajoutait 200 kilomètres à ce qui était prévu à la base, mais quand on aime, on ne compte pas !
Après mon passage à La Rochelle, les galères ont commencé à pointer le bout de leur nez.
Le premier jour, j’ai énormément souffert de la chaleur, j’ai manqué d’eau et j’ai roulé une vingtaine de kilomètres dans un lieu comparable à la vallée de la mort (pas d’habitation, pas de végétation et aucun autre cycliste à l’horizon). A deux kilomètres de la fin de mon étape, sans trop savoir pourquoi, je me suis mise à pleurer sur mon vélo. Les nerfs ont lâché.
Arrivée chez mon hôte du soir, j’ai senti une vibe très étrange. Il ne m’inspirait absolument pas confiance. J’ai paniqué et j’ai appelé mes parents pour essayer de me calmer, sans succès. J’ai monté ma tente quand même et je suis partie en direction de la plage, en me disant que ça me ferait du bien de me baigner. Seulement, sur le chemin, j’étais toujours en sanglots. Je ne pouvais donc pas rester là-bas : il fallait que je trouve une solution.
En arrivant à la plage, je tombe sur un camping. J’entre et je demande s’il reste une place pour le soir-même. Bingo : il en reste une ! Je demande à ce qu’on me la réserve, le temps que j’aille récupérer mes affaires. “Désolée, on ne prend pas les réservations et l’accueil ferme dans vingt minutes. Si vous voulez la place, il faut donc être revenue avant”. Je me remets à pleurer. J’explique tant bien que mal ma situation à la dame en face de moi et elle comprend tout de suite : elle me réserve l’emplacement et prévient ses collègues qu’elle fait une exception pour moi. En deux temps trois mouvements, je suis retournée plier mon campement, en tremblant comme une feuille, et je suis revenue au camping où j’ai finalement passé une chouette soirée !
Tout est bien qui finit bien.
Les jours qui ont suivi, en longeant le canal, il a commencé à faire moins beau. Le soleil n’était plus de la partie, des gros nuages gris ont fait leur apparition. Franchement, c’est tout de suite un peu moins fun.
Une nuit, je me suis pris une grosse tempête. Autant te dire que je ne faisais pas la fière, toute seule sous ma tente. J’ai dû dormir environ deux heures.
Qui dit pluie et mauvais temps, dit automatiquement humidité. Et qui dit humidité dit vêtements qui ne sèchent pas la nuit. Quel plaisir de trouver un cuissard encore mouillé au réveil ! Ça a été comme ça pendant environ quatre jours.
Pour aller encore plus loin dans l’aventure, j’ai fait face à un petit désagrément de dame nature qui n’était pas prévu avant la fin des vacances. J’ai hésité à t’en parler, mais autant te relater mon séjour tel que je l’ai vécu. D’autant plus que mon (in)expérience pourra peut-être aider d’autres personnes, qui sait !
En gros, avec tout le sport que je faisais, mon corps a certainement été perturbé dans son cycle naturel, ce qui fait que dame nature a frappé à ma porte quatre jours plus tôt que prévu. Bien évidemment, je n’avais rien anticipé, sinon ça aurait été trop facile.
Dans ce cas-là, comment on fait ? La solution, c’est d’aller trouver une petite épicerie et d’acheter les protections nécessaires, sauf qu’en pleine campagne… C’est tout de suite plus compliqué ! J’ai donc été contrainte de rouler trente kilomètres avant de tomber sur une supérette. En attendant, il a fallu prendre mon mal en patience et laisser nature se faire.
En vérité, c’est un peu crado, mais quand aucune autre option ne s’offre à toi, tu t’adaptes !
Note à moi-même pour la prochaine fois : emporter le nécessaire pour pouvoir faire face aux urgences, quitte à ajouter quelques grammes à mon chargement.
Suite à ces quelques mésaventures, j’arrivais un peu au bout de ce que je pouvais supporter. Je commençais à fatiguer et j’avais la sensation que les éléments s’acharnaient contre moi. Arrivée à Toulouse, j’ai donc décidé de me récompenser pour tous ces efforts en abandonnant la tente et en m’offrant une nuit d’hôtel. Puisque je ne suis jamais dans la demi-mesure, j’ai pris un trois étoiles : autant se faire plaisir ! Avec la pluie et le corps qui travaille dur, je l’avais bien mérité, après tout.
J’en arrive donc à mon dernier jour de voyage. Bien ressourcée après une nuit au sec, j’avais vraiment hâte de rouler et j’étais même un peu triste de me dire que j’arrivais à la fin de l’aventure. J’ai commencé à réaliser que je l’avais vraiment fait et que je n’étais plus qu’à cent kilomètres de mon point d’arrivée.
En partant de Toulouse, j’ai donc emprunté le canal du midi pour rejoindre Carcassonne où des membres de ma famille m’attendaient pour le dîner. Le hasard a voulu que l’on se retrouve dans la même ville pile poil le même jour, une aubaine pour moi qui n’avais vu aucun visage familier depuis une semaine et demi ! J’ai donc pris la route tout sourire, en forme, prête à avaler les kilomètres.
Oui, mais tu te doutes bien que tout ne pouvait pas bien se passer, ça aurait été beaucoup trop simple ! Dix kilomètres, vingt kilomètres, trente kilomètres… Tout va bien. Quarante kilomètres, il commence à pleuvoir. Coup dur. Je comprends vite que ça n’est pas qu’une simple averse comme j’avais déjà pu en avoir les jours précédents. Le ciel est gris à perte de vue : ça va durer un moment. Je décide donc de continuer de rouler, car quoi qu’il arrive je vais être mouillée, alors autant ne pas perdre mon temps. Je finis par rouler vingt kilomètres sous la pluie. Vingt kilomètres, c’est long. Ça représente environ une heure de route, ce qui me laisse le temps d’être bien trempée, tu t’en doutes !
Forcément, avec ma chance, le canal du midi n’est pas aussi bien aménagé que le début de mon itinéraire. Je passe par des chemins de terre devenus boueux avec la pluie. Mes affaires, restées propres jusqu’alors, ne le sont plus du tout. La boue me déséquilibre, je tombe. Je m’énerve, je perds patience. J’ai envie de pleurer : pourquoi les emmerdes ne me laissent pas un peu de répit ?
Arrivée à Castelnaudary, je m’arrête manger. Il pleut toujours. Épuisée, je prends la sage décision de m’arrêter là et de prendre un train pour aller à Carcassonne. Le but n’était pas de me dégoûter du vélo, et avec l’état de nerfs dans lequel j’étais, ça ne valait pas la peine de faire l’idiote et de forcer sur les quarante derniers kilomètres. J’avais déjà fait plus de mille bornes, c’était plutôt honorable !
C’est donc à Castelnaudary que j’ai clôturé mon premier périple à vélo avec 1068 kilomètres au compteur. Après, je n’ai fait que du TER. Bien sûr, les galères ont continué puisque la SNCF n’est pas vraiment à la page niveau vélo, mais j’ai quand même fini par arriver chez moi sans trop d’encombres.
J’aimerais conclure ce récit en te disant que même si j’ai rencontré quelques problèmes sur ma route, j’ai passé les plus belles vacances de ma vie. J’ai appris beaucoup de choses, j’ai rencontré des humains géniaux et je suis tombée encore plus profondément amoureuse du vélo que je ne l’étais déjà.
Si tu hésites à te lancer dans l’aventure à vélo, je n’ai qu’un conseil à te donner : n’hésite plus ! Je te promets que c’est une chouette expérience que tu n’es pas prêt d’oublier. Et si tu choisis bien ton moment, tu devrais pouvoir éviter la pluie.
Ton récit tant sur le fond que sur la forme est un plaisir à lire !
Ton histoire est inspirante et, j’espère, saura toucher le publique qu’elle mérite.
Bon courage pour la suite.
Nous sommes tous derrière toi.